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A la recherche de l’ancêtre sacré

Dernière mise à jour : 9 déc. 2019


Oublier ses ancêtres c'est être un ruisseau sans source, un arbre sans racines... Proverbe chinois

Des cinq besoins capitaux de l'homme celui de l’appartenance à un groupe est un des plus essentiels. A un moment où à un autre, tout homme éprouve dans sa vie le besoin de partir à la recherche de ses racines, de se rapprocher de ses origines.

L'envie de partir sur les traces mythiques du style me titillait depuis longtemps. M’imaginant à certains endroits sur les pas du maître, me projetant dans une chine tumultueuse du milieu de la dynastie Qing, des monastères reculés, des mythes et légendes des montagnes...

Au dire de la légende, Sijo Pak Mei aurait créé notre style, combinant les techniques de Shaolin avec une pratique taoïste sur les monts Emeishan dans la très verte et humide province du Sichuan, habitat naturel du bambou, des singes sauvages mais surtout fameuse pour son symbole le plus connu, le panda.

Le mont Emei 峨眉山 « l’imposant sourcil » est un pic qui culmine à 3099m d’altitude, terminant sur le sol chinois la merveilleuse chaîne himalayenne. Elle est la plus haute et la plus importante des quatre Montagnes sacrées bouddhistes chinoises depuis le 6eme siècle et, est la source du bouddhisme de la terre pure*. Étant depuis le 17ème siècle le lieu de pèlerinage des bouddhistes, elle est l’emplacement du premier temple bouddhique de Chine au premier siècle de notre ère. Le pied de la montagne abrite aujourd'hui également le plus grand monastère de Chine, le temple de Dafu. Parmi les plus de cent temples que nous pouvions y trouver originellement, seulement deux douzaines ont survécu à Mao et sa maudite révolution culturelle.

Une variété de 3000 espèces végétales et 1600 plantes médicinales poussent sur ses contreforts. Nous admirerons d’ailleurs un arbre âgé de 1000 ans plus tard sur notre route. Son ascension complète ne totalisant pas moins de 60 000 marches, c’est sous un ciel très couvert, armés de nos bâtons de marche en bambou (qui sont également nos armes pour combattre les singes sauvages en cas de besoin),  que nous voici partis.

Une ascension difficile

Arrivé au premier Check point, stupéfaction... le panneau affiche 52km.. Nous n’avons aucune idée du dénivelé mais quoi qu’il en soit, sur deux jours, avec plus de 25 temples à visiter, cela nous paraît infaisable... Nous avalons donc notre salive et s’en est parti, droit devant ! Premier escalier...300m d’une pente à 50°. Ok, nous comprenons à cet instant précis où nous venons de mettre les pieds... Les visages se font blêmes, pouvons nous le faire ? Où allons-nous dormir ? Ces questions hantent nos esprits à ce moment précis. Le ciel couvert et l’humidité extreme de la montagne n’aidant pas. Nous nous arrêtons à maintes reprises, rassemblant les retardataires, discutant de la solution à adopter pour rendre le périple moins pénible, mais surtout réalisable. Finalement, au bout d’une paire d’heure, nous nous donnons un but, une étape à atteindre pour passer la nuit et nous aviserons à ce moment là.

Le reste de l’ascension se passe physiquement difficilement (des escaliers, encore et toujours des escaliers... qui pour en rajouter son très glissants) mais moralement plus sereine. Nous traversons les temples de Fuhu, Leiyin, Chunyang, le pavillon de Shenshui, Guangfu, le pavillon de Niuxin et de Qingying. Sur le chemin, nous dépassons un couple de chinois, dont la femme semble faire un pèlerinage, s’agenouillant toutes les x marches pour se prosterner. Son compagnon la suit, tenant le parapluie la protégeant de la petite bruine fine de l’humidité de l’endroit. À l’époque, les pèlerins de toute la Chine venaient témoigner le respect au bouddha de cette sorte, dans la souffrance du corps, ils recherchaient le salut de l’éveillé.. Ravi de voir qu’il y ai encore des gens de caractère pour effectuer l’ascension de cette sorte.

Arrivant après 4h de marche au pavillon de Qingying, nous savons qu’il ne reste que 1km pour rejoindre notre point de chute, le temple Bai Long (le dragon blanc) où nous devons passer la nuit. Dans la journée, nous voulons visiter le plus gros monastère de cette partie de la montagne, le temple de Wangnian qui se situe lui aussi à 1km après le temple du dragon blanc, puis redescendre sur ce dernier pour y passer la nuit. Après donc une pause thé au temple Qingying, goûtant le thé spécial de la montagne, nous voilà repartit. Sur le chemin, quelques étales proposant des herbes médicinales de la montagne à des prix très abordables.

Passant donc devant le temple du dragon blanc, nous nous arrêtons pour y préparer notre nuit, visiter les chambrées et discuter du tarif qui sera de 30 yuans (environ 5 euros) pour la nuit par personne. Il est environ 16h30, nous nous remettons en route vers le temple de Wangnian à 1km plus haut.

Une nuit au temple

Nous voici de retour au monastère du dragon blanc à la tombée de la nuit, la montagne est vide. Nos hôtes nous attendent pour 18h30. Seuls au temple pour la nuit, le calme de l’endroit inspire le respect. Nous dormirons dans de petites cellules par chambrés de trois, puis de huit, séparées en deux pièces de quatre. L’humidité pénètre les chambres, les lits sont fait d’un sommier de bois, d’une petite couverture en guise d’épaisseur ayant déjà bien servi, d’un coussin humide d’une propreté très discutable et d’une couverture. Ce n’est pas un trois étoiles, mais nous le savions et c’était la raison de notre venu... A ce moment je me questionne, comment les moines arrivent-ils à vivre depuis des siècles de cette sorte, dans cette humidité 10 mois par an ?  

Pour l’heure, c’est le moment du repas. A 18h30, un bon repas fait de riz et de légumes qui ont tout l’air d’être cultivés non loin nous ai servi. Un plaisir végétarien pour les végans qui nous accompagnent mais également pour le reste de la troupe.


Vers les 19h, nous sommes conviés à regagner nos chambres...  Nous avons beau être bien fatigués, il est trop tôt pour se coucher. Certains d’entre nous se font une toilette succincte à l’eau glacée qui sort dès robinets des toilettes communes. Suite à cela, nous nous retrouvons tous devant la porte de l’autel principal du temple, face à la petite cours intérieur. Nous discutons, relaxons nos membres fatigués par quelques stretchings, certains élèves révisent leurs formes, tout cela dans un calme respectueux. Nous avons conscience d’être privilégiés, un vrai rêve éveillé, le temple est à nous, pas de touriste, rien... à l’exception du moine supérieur qui s’applique aux cérémonies du soir nous passant à côté sans nous porter attention. Nous resterons ici jusqu’à 22h environ. Dès 5h45, avant la levée du jour, réveil au son du gong par le moine qui a tout l’air d’être l’abbé du monastère. En effet, lorsque l’on séjourne dans un temple, il faut se plier aux règles de la rude vie monacale.. Petit déjeuner frugal fait d’une sorte de soupe de riz bouillie sans véritable goût, accompagné de pain vapeur n’en ayant pas plus... Le départ se fait sous un ciel bleuâtre, brumeux… Il est 7h du matin, la montagne semble déserte, une atmosphère sereine, brumeuse, rappelant des scènes du film Tigre et Dragon, un de mes moments préférés de l’aventure...


Suite de l'ascension

N'étant sur la montagne que pour 2 jours, nous avons dû trouver une solution permettant le trekking initialement prévu tout en permettant de pouvoir finir dans les temps. Nous redescendons à pied vers une station