Arts anciens et musculation spécifique
Dernière mise à jour : 9 déc. 2019

Pratiquants de Suai Jiao posant à Tianjin début 1900 Il est une idée préconçue très largement répandue chez les néophytes des arts martiaux (et souvent même chez les pratiquants), que la pratique de la musculation n'est pas nécessaire, voir, inappropriée à une bonne pratique martiale. Nous pouvons aussi entendre ici et là que le muscle ou la masse musculaire ralentit la vitesse d'exécution et diminue la souplesse...Cela et vrai, mais faux à la fois, nous voici encore dans un nouveau paradoxe sur l'art antique du combat chinois...
La réalité n'est pas toujours celle que l'on s'imagine...
L’imaginaire populaire occidental visualise le maître de kung-fu comme étant souvent un vieil homme, tout petit, maigrelet et très sage.Compte tenu de cette croyance très répandue, de nombreuses personnes pensent réellement pouvoir apprendre à se défendre de façon efficace en utilisant un minimum de techniques, de puissance et usant uniquement de la souplesse, utilisant la force adverse à son avantage... L'entraînement ne doit pas être trop difficile non plus... du kung-fu « fast food » en somme...
Alors, soyons sérieux deux minutes...
La condition physique telle qu'on la perçoit de nos jours (du cardio et une résistance dans la durée) n'est pas une chose obligatoire pour gagner un combat ou une agression de rue comme je l'ai déjà expliqué par le passé. Lors d’une confrontation de rue il faut être rapide et efficace, nous ne devons pas "lutter" durant 10 minutes.En revanche, cela ne signifie pas qu’il ne faille pas être bien préparé et en ce sens j’entends préparé à recevoir les coups et à infliger des lésions sérieuses à l’opposant. Je vous assure qu'arrêter une frappe d'un agresseur déterminé demande du travail et pas uniquement en terme de reflexe, le bras doit être solide, dans sa structure et son muscle.
Depuis la nuit des temps

WukeDao aux dimensions démesurés dans une campagne chinoise
Comme je le rapportais dans un précédent article (confère : le Wen et le Wu « deuxième partie »), réussir les examens de Mandarins Militaires était certainement la façon la plus sûre d’atteindre un meilleur rang social dans la société féodale chinoise. L’examen, ayant lieu tous les 3 ans sous la supervision de l’empereur lui-même, était basé sur les connaissances intellectuelles des textes classiques anciens et stratégiques militaires tout autant que sur la pratique physique et les qualités athlétiques du prétendant officier.

Carte postale française, fin des années 1800, notez la légende en dessous du dessin
Parmi les tests physiques, se distinguaient de difficulté : -Le tir à l’arc lourd (WukeGong)Le poids de tirage le plus lourd de la partie tir à l’arc semble avoir été de 110 kg !
-La pratique de la hallebarde lourde (le WukeDao)Différentes routines devaient être présentées. Cette arme n’était pas tranchante et entièrement réalisée en fer, y compris l'arbre. Les poids des trois types de wukedao décrits dans le Huangchao Liqi Tushi sont 120, 100 et 80 jin (60, 50 et 40 kilos respectivement).
-Le soulevé de poids impérial (WukeShi)Le soulevé de poids consistait à décoller une pierre du sol à l’aide d’alcôves sur les parties latérales. Selon le Huangchao Liqi Tushi, ceux-ci viennent en trois poids différents: 300, 250 et 200 jin (150, 125 et 100 kilos respectivement).
A savoir que la valeur de poids en Jin, n’était pas égale à Pékin et dans les autres provinces (1 Jin est égale à 597g à Pékin alors qu’en même temps il n’est égal qu’à 585g en province). La valeur du Jin a aussi varié dans le temps, selon les époques.
*Crédit historique pour la partie militaire :-Mon ami Peter Dekker, spécialiste de la dynastie Qing.
Site web :
http://www.mandarinmansion.com/
-Valeurs des Jin tirées de l’ouvrage : Pratique des examens militaires en Chine, par le P. Étienne Zi (Siu) (1851-1932)

Matériel de musculation traditionnel.

Représentation de deux officiers tentent de passer les examens militaires.
Nous pouvons aisément en déduire que les qualités physiques, en terme de développement de la force/musculation furent toujours un sujet de préoccupation dans la pratique martiale (soldats/militaires) et que les soldats apportaient à l’époque une grande attention à celle-ci.

Poids et altères d'examens militaire trouvé dans la demeure d'un descendant de générale de la dynastie Ming dans la campagne de Yangshuo, Avril 2014. La pierre fait 180kg, les poids respectivement 18kg et 25kg.
